Mon projet est mis en veilleuse: Le corona virus a mis un frein à mon rêve, j'ai décalé mon billet d'avion pour santiago au 18 aout 2020, je vais donc continuer de cheminer avec mes consultants jusqu'à cette date là.
En 2020 j'arrive au terme de ma contribution
nationale en tant que travailleur. Pour être plus clair je vais
appeler ça "retraité". Je suis très heureux de mettre en veille ce
monde qui ne représente absolument pas mes valeurs. Je vais pouvoir
larguer mes amarres et expérimenter une manière de vivre autre. La
vie propose tellement d'objets, presque irréels, une foule de choses
à avoir, et qui nous semblent même essentiels , logiques et utiles.
Mais moi je me sens d'un autre temps dans toute cette agitation. Je
me suis trompé d'époque pour naitre, ou de région, ou de parents, en
tout cas je me sens si différent.
J'ai comme tout le monde une voiture, qui quelque part me dégoute, cette machine monstrueuse est une arme qui tue environ 10 personnes par jour en France. Mais voilà c'est le grâle même pour les Chinois qui rêvent eux aussi de liberté. Une autre manière de voir ce rêve de liberté serait d’examiner la « non-liberté », de quoi où de qui suis-je prisonnier ? Le système m’emprisonne et me vend un rêve de liberté. Cela ressemble au dogme catholique ou les péchés m’empêchent de vivre réellement mais ou la transgression suivit d’un pardon est possible au travers d’une bénédiction curiale.
Une autre solution pour me déplacer m'a trotté dans la tête
un temps : Le vélo. Là aussi il se manifeste en moi une
insatisfaction. Le caoutchouc des roues peut être, qui me coupe du
contact avec la terre et surtout la vitesse de déplacement qui ne me
permet pas d'être au contact avec les autres. Mais vraiment ce mode
de déplacement est plutôt bien. Aller voir ma fille à Paris m'a
couté 6 jours de vélo, j'ai même pleuré de joie en passant entre les
jambes de la tour Eifel. (Là je rigole, si si j'y ai pensé).
La grosse insatisfaction se situe quand même au niveau de mon
cul. Une douleur insupportable me tance la zone du sacrum. Côté
anatomie, cette partie de mon corps est le reste d'une queue
qu'avaient nos prédécesseurs primates. En ses coccixisant sur des
millénaires le génome n'a pas eu le temps de l'adapter à une selle
de vélo qui elle daterait de Mr von Drais autour des 1800.
Il me reste l'option : "la marche". J'ai été
pèlerin en 2002 pendant un peu plus de 3 mois, une époque où une
transition de vie m'était nécessaire. Avec derrière moi un "plus
jamais ça" et devant moi un éventail de possibilités où se perdre
n'était très facile. Mais mon ange gardien m'a remis sur un chemin
qui me semble être vraiment fait pour moi.
Me voilà donc en 2020 j'ai 63 ans, une étape de
vie où me déplacer à pied est encore possible, et que l'envie
d'aller dans le monde me pousse dans les tripes. Ce grand rêve
d'atteindre le Tibet ou le Népal est maintenant possible mais j'ai
besoin de tester mes performances qui ne sont plus ceux de mes 45
ans, partir à pied au travers de l'Europe et l’Asie ne me semble pas
prudent. J'ai donc décidé de boucler le chemin amorcé en 2002 et où
sur le chemin de retour, je me suis arrêté à
León,
en Espagne.
La date de départ est fixée, ce sera le 18 aout 2020, je ressens la joie. La suite sera racontée pendant mon aventure. Le titre du récit pourrait être :
"Un apostat sur la route du tengrisme
Alsace Allemagne République-Tchèque
Pologne Ukraine Russie Kazakhstan Ouzbékistan Kirghizistan
chine. 7200kms