Pèlerin de Compostelle.
1)
Le voyage : En juillet 2002, je décide de faire le pas. Mon
paysage professionnel change. Le départ se fait le 14 septembre
2002. PARTIR. Les évènements de ma vie m'ont guidé souvent
vers Vézelay, sur la colline éternelle proche d'Avallon, qui est
aussi un départ du chemin de Compostelle. J'y ai eu des expériences
spirituelles déroutantes. Mon envie d'avancer, et ma situation de
vie sont le creuset de cette aventure de pèlerin. En ce qui concerne
mes croyances, je me situerai comme agnostique, pèlerin sans foi. Ma
pensée est celle du Tengrisme
« éternel
ciel bleu,
en binôme avec la Terre-Mère »
, et j'aime la philosophie, et surtout la philosophie bouddhique. Ma
vie m'a fait connaitre Mr Thich-Nhat-Hanh un maître spirituel avec
lequel j'ai découvert la psychologie bouddhique qui est transmise
oralement dans son courant de pensée depuis des générations. J’ai
été surpris par sa connaissance qui est vraiment semblable, ou
parallèle, à ce que j'ai appris de C.G. JUNG, base de notre
psychologie occidentale.
J'ai toujours eu une distance par rapport à ce paysage à trois
composantes : Oratores bellatores laboratores « Les
trois ordres :
Oratores,
Bellatores, Laboratores.
Le Clerc, Le Chevalier, Le Travailleur » de la société médiévale ».
J'ai passé une semaine, à Noël 2013, sur la colline éternelle, en
toute simplicité, la fratrie de Jérusalem m'a invité au repas de
midi, et là vraiment, à l'image du moine Luther, j'ai pu mesurer la
distance entre la vie que je mène et ce que vivent ces personnes. À
l'entrée de leur bâtisse un grand panneau, "Donnez à ceux qui
donnent tout". En réalité l'ambiance ressemblait bien plus à
l'opulence d'une cour royale où l'on entendrait : "sir le peuple a
faim, hé bien qu'il mange !". (Entrée Plat Dessert Vin Café) et
personnel de service. Plus jamais ça ! J'aime à aller visiter les
deux moines franciscains sur le côté nord-est de la colline, même si
leur façon de vivre, sont juste à l'opposé des seigneurs du haut.
Le monde spirituel m'est accessible, sans passer par tous les
intermédiaires religieux.
Déjà tout petit je me distançais du clergé. Ceci étant dû aux excès
de ma mère, qui sous contrainte, me forçait à adhérer au culte
catholique. Enfant lors des
confessions je terminais toujours par "j'ai menti" pour me faire
pardonner tous mes péchés, et surtout tous les mensonges que je
venais de raconter à l'homme, en soutane noire, à qui il fallait tout
dire. Avec du recul je peux m'imaginer le pouvoir qu'avait ce
prêtre, il savait tout sur tout le monde. Quelques mots insinuant
une situation, connecté à un regard, avant certainement un effet
dévastateur pendant la prêche du dimanche. L’œil du père planait du
haut des cieux.
Le premier pas vers Saint Jacques de Compostelle. Une aventure de
trois mois, en route. En suivant un re-père. La nuit en évitant la
pollution lumineuse ou pollution tout court, il est possible de voir
la voie lactée, notre galaxie, elle donne le cap. Sud-sud-ouest....
2)
La route : Le pèlerin du moyen âge, je pense,
voyageait en s'appuyant sur des repères naturels. Sans carte ni GPS,
j’ai essayé de me diriger dans cette optique-là. En partant d'alsace
je prolonge la chaine des Vosges jusqu'à rejoindre une rivière
l'oignon puis la Saône . En suivant ces cours d'eau je
débouche dans la plaine de Bourgogne pour arriver à Cluny (haut lieu
spirituel de bénédictins) De là cap à l'ouest direction le couché du
soleil pour trouver la Loire. Puis remonter ce fleuve pour atteindre
Le Puy en Velay. Voilà en deux mots tout ce qu'il faut savoir sur le
parcours jusqu'au départ officiel. Je comprends que ma route a été décomposé en
trois étapes bien différentes. Authentique, Commerciale,
Spirituelle.
AUTHENTIQUE :
Cette première étape Authentique, est vraiment de l'ordre de l'aventure vraie,
authentique. Sur le parcours de très beaux points de passage, dans
l'ordre Ronchamp, Acey, Cîteaux, Saint Jean de l'Osne, Beaune,
Taizé, Cluny. L'hospitalité improvisée, l'accueil étonnant (un
général en retraite qui me donne les clefs de sa maison) ! Chaque
jour des rencontres imprévues. Une main tendue, une demande de
prière. Des personnes vraies, prêtes à m'aider.
COMMERCIALE :
La suite du chemin est officielle, via podiensis, balisage, refuge,
business, creux, interressé, seuls les paysages, la nature sont les attributs de
ce segment jusqu'à la frontière Espagnole. L'Aubrac restera pourtant
dans mon cœur comme un endroit où je pourrai vivre à l'écart de tout
et de tous. Peut-être dans l'accueil saine de pèlerins.
Ce signe balise très bien les sentiers à partir du Puy-en-Velay.
SPIRITUELLE :
La partie espagnole quant à elle est vraiment reliée au spirituel,
ce chemin a une histoire, il est imprégné des pas de pèlerins depuis
un millénaire. Le passage vers Roncevaux était une épreuve violente.
120Km/H de vent de face. Mais je suis déterminé, à chaque accalmie
j'avançais d'un pas. En descendant vers Pampelune, je suis pèlerin
corps et âme, avec les premiers mots espagnols
Bonjour.
Je suis pèlerin.
Je cherche le refuge.
Je cherche à manger. |
Hola.
Soy un peregrino.
Busco el refugio.
Busco para la comer. |
3)
La leçon : A l'arrivé à Santiago une grosse déception
me secoue. Après trois de mois de marche, de contact avec la nature,
je me retrouve dans une zone industrielle, juste avant le campement
officiel pour les pèlerins. Ce campement ressemble à un camp de
concentration de la dernière guerre mondiale, impossible d'y rester.
La ville quant à elle est submergée de commerçants, et au centre une
église vide. Seul quelques curés intégristes (boutonnés du haut en
bas, en habit noir) hantent et arpentent une église d'un autre
temps. La grosse leçon à retenir est…
Il n'y a pas de but sur le chemin, le but c'est le chemin.
Ne pas oublier
la créanciale
qui est un document nécessaire pour accéder au refuge et au statut
de pèlerin.
Heures d'ouverture du cabinet.
Du lundi au vendredi, de 7:30 heures à 19:00 heures.
Fermé samedi et dimanche
Il n'y a pas de but sur ton chemin, le chemin en lui-même est le but.